Ce très grand plat d'apparat, en argent massif, dont la surface était à l'origine dorée, associe un médaillon central au lion passant sous un pin parasol et le décor géométrique d'une roue à quatre-vingt-seize rayons.
Cette combinaison d'un motif figuré, qui reste dans la tradition de l'argenterie classique et d'un décor rayonnant très graphique en usage sur les plats du VIIe siècle, est unique et rend la datation difficile. Le type de félin, à la crinière en grosses mèches laineuses, au pelage ras formé d'un fin piquetis rayonnant depuis le flanc, se retrouve de la fin du IVe siècle, comme sur un plat du trésor de Sevso, jusqu'au VIIe siècle, par exemple sur le plat de David combattant un lion du trésor de Chypre, daté par les poinçons du règne d'Héraclius, vers 629-630.
De tels objets de luxe étaient offerts dans des occasions spéciales par l'empereur ou par les consuls et hauts fonctionnaires aux plus grands dignitaires de l'empire. Ce missorium est l'un des plus grands et lourds, après celui de Théodose (D. 74 cm, poids 15,35 kg), daté de 388, ou celui d'Achille du trésor de Sevso (D. 72 cm, poids 11,78 kg).

Découvert en 1714 par un paysan sur les terres d'un conseiller au parlement de Grenoble, Joseph de Gallien de Chabons, au lieu-dit le Passage, en Dauphiné, le plat fut acquis en 1733 pour le cabinet du roi. Il était alors considéré alors comme un bouclier votif offert par Hannibal lors de sa traversée des Alpes en 218 av. J.C, par comparaison avec des monnaies carthaginoises représentant un lion passant sous un palmier (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8499683p). Le rapport envoyé par le garde du Cabinet des médailles, Claude Gros de Boze, au comte de Maurepas, ministre de la Marine et de la Maison du roi, est toujours conservé dans les archives du département des Monnaies, médailles et antiques.