EXPO

Histoire de la collection d'antiques

Cabinet des Médailles : le Salon Louis XV
Vue du Salon (La Gazette des beauts-arts, 1861, p.81)

La mort de Louis XIV entraîne de profonds changements dans la politique d'acquisition. Les premières collections d'archéologie, égyptienne, grecque, romaine et gallo-romaine, sont acquises, telle celles de Foucault et Mahudel. Le retour à la Bibliothèque, réclamé par les savants, n’est effectif qu’en 1740 (1791 pour les pierres gravées) avec un aménagement spécifique du cabinet, installé dans l’Hôtel de Nevers, annexé à la bibliothèque royale, demandé aux meilleurs artistes du temps : Robert de Cotte pour la conception d’ensemble, Boucher, Van Loo et Natoire pour le décor pictural, choisi en adéquation avec la destination du lieu. C’est la première installation concertée pour recevoir les visiteurs : le Salon Louis XV est en effet à la fois un cabinet de travail et une pièce d’apparat, une « Prunksaal » telle la Prunksaal de la Bibliothèque impériale de Vienne ouverte en 1723. Le thème des neuf muses, déployé autour de la salle en six grands panneaux et quatre dessus de porte, est complété par les portraits de Louis XIV, fondateur du nouveau cabinet des médailles, et de Louis XV, souverain régnant.

Le Cabinet des médailles change d’orientation en changeant de lieu : il est désormais le centre d’études de l’archéologie, le lieu où se réunissent les savants autour des gardes du Cabinet, Claude Gros de Boze puis surtout l’abbé Barthélemy, en poste de 1753 à 1793, qui enrichit considérablement les fonds : achat des 32 000 monnaies grecques de Joseph Pellerin en 1776, don des collections archéologiques de son ami, le comte de Caylus, en grande partie publiées en 7 volumes dans le Recueil d’Antiquités égyptiennes, grecques, étrusques, romaines (1755-1767). Grâce à lui, des œuvres en péril sont mises à l’abri et étudiées au Cabinet des Médailles, que ce soit des trouvailles archéologiques, comme le trésor de Rennes en 1774 ou les trésors des églises pendant la tourmente révolutionnaire.

Le comte de Caylus (1692-1765), homme de lettres, protecteur des arts et graveur lui-même, était aussi un antiquaire érudit, élément moteur des recherches sur l'archéologie. La plupart des 2900 objets publiés dans son Recueil ont été donnés, au fur et à mesure de l'avancement de ses travaux, au Cabinet du roi. Un réseau de correspondants, en France comme en Italie, lui a permis d'acquérir des objets souvent modestes, mais riches d'enseignement sur la culture, l'usage, les techniques de fabrication. Il est l'un des premiers à saisir l'importance des découvertes d'Herculanum et de Pompei et à en obtenir quelques éléments, bien que les fouilles, débutées en 1738 et 1748, soient rigoureusement interdites d'accès.
Un site en ligne permet d’explorer cette collection : http://caylus-recueil.huma-num.fr/