EXPO

Monstres dans tous leurs états

amphore : kétos-cheval marin / femme pleurant un défunt

Le "kétos" est le monstre marin par excellence, dans l'imaginaire un animal énorme comme un cétacé, l'animal monstrueux. C'est un kétos que Poséidon envoie dévaster le pays de la reine Cassiopée, pour la punir de s'être prétendue plus belle que les Néréides, et auquel Andromède est exposée en victime expiatoire. Persée délivre la fille de l'orgueilleuse souveraine en tuant le monstre. Pour cela, il le fige en lui montrant la tête tranchée de la Gorgone.
Le kétos apparaît sur les images dès l'époque archaïque, dès le le VIIe ou le VIe s. av. J.-C. Grand ou petit, ce monstre a l'apparence d'un hybride composé d'une tête de chien avec les oreilles dressées, souvent une barbiche et le museau retroussé, sa gueule est généralement ouverte. Son corps sinueux est parfois pourvu d'antérieurs, pattes félines ou fortes nageoires. Plutôt serpentiforme dans les créations grecques et étrusques, marqué sur sa longueur par une crête épineuse, son corps a parfois la forme de celui d'un gros poisson, plus souvent celui du dragon occidental. Dans l'art romain, son cou allongé et son corps arrondi annonce en effet le dragon de l'imagerie médiévale.

Plusieurs productions étrusques, notamment des miroirs et des couvercles de ciste en bronze, associent le kétos et le cheval marin en gommant parfois les différences entre les deux créatures : l'une et l'autre se partagent certains de leurs traits distinctifs. En revanche, le cheval marin de l'art grec a un type chevalin bien marqué, celui de l'art romain également malgré l'addition de traits tels que des nageoires au sabots, à la naissance des antérieurs ou près de l'encolure.

Rien d'étonnant à ce que le cheval soit tôt figuré dans le contexte marin : création de Poséidon, il est fortement lié au monde aquatique. L'image de la dispute d'Athéna et de Poséidon fait référence au présent de ces dieux pour obtenir la ville d'Athènes : Poséidon offre le cheval mais Athéna gagne avec l'olivier.
Dans sa version marine, il est la monture privilégiée du grand dieu marin. Il l'est aussi des Néréides, peut-être plus particulièrement de Thétis sur les représentations classiques du transport des armes d'Achille, ses soeurs montant d'autres hybrides marins ou des dauphins. Plus tard les Thétis ses soeurs ne sont pas différentiables. C'est l'illustration de cet épisode mythique qui permet aux artistes de développer l'association de la cavalière divine et de la monture aquatique hybride, schéma qui trouve sa pleine expression dans les évocations du monde marin et dans les cortèges marins des triomphes de Neptune ou de Vénus marine, de noces divines ou encore du transport du défunt.